2.1.4 Intégrateurs utilisés

La classe d’intégrateurs que nous avons utilisée est présentée dans l’article de Laskar et Robutel (2000) auquel le lecteur pourra se référer pour plus de détails.

Si l’on distingue A  et B  dans l’expression générale du Hamiltonien, les intégrateurs symétriques peuvent appartenir à l’une des deux classes 𝒮 𝒜 ℬ𝒜k  et 𝒮ℬ 𝒜 ℬk  définies par :

𝒮𝒜ℬ𝒜2n   : ec1sLA ed1sLεB ednsLεB ecn+1sLA ednsLεB ed1sLεB ec1sLA
𝒮𝒜ℬ𝒜2n+1   : ec1sLA ed1sLεB ecn+1sLA edn+1sLεB ecn+1sLA ed1sLεB ec1sLA
𝒮ℬ𝒜ℬ2n   : ed1sLεB ec2sLA ed2sLεB ednsLεB ecn+1sLA ednsLεB ed2sLεB ec2sLA ed1sLεB (2.27)
𝒮ℬ𝒜ℬ2n+1   : ed1sLεB ec2sLA ed2sLεB ecn+1sLA edn+1sLεB ecn+1sLA ed2sLεB ec2sLA ed1sLεB
Par exemple l’intégrateur leapfrog (Eq. 2.21) appartient à la classe 𝒮 𝒜 ℬ𝒜1   . C’est un intégrateur d’ordre 2 avec pour Hamiltonien formel ℋ˜ = A +  εB + 𝒪 (s2ε)  . L’intégrateur d’ordre 4 de Forest et Ruth (Eq. 2.25) appartient à la classe 𝒮 𝒜 ℬ𝒜
       3   avec ℋ˜ = A +  εB  + 𝒪 (s4ε)  . Nous pouvons remarquer la présence de deux pas négatifs pour cet intégrateur, ce qui rend la valeur absolue de chaque pas intermédiaire relativement grande pour un pas total de 1 : d1 ≈ 0.6756  , d2≈−0.1756  , c2 ≈ 1.3512  et c3 ≈ − 1.7024  . Il s’ensuit que pour de grands pas d’intégration, la méthode perd de son efficacité (coût élevé, instabilités numériques). Suzuki (1991) a démontré qu’il est impossible de réaliser un intégrateur symplectique d’ordre n ≥ 3  avec des pas tous positifs. Cependant, le problème des pas négatifs peut être partiellement solutionné.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas pris en compte l’existence du petit paramètre ε  . La méthode retenue consiste à déterminer les coefficients (cj,dj)  des intégrateurs 2.27 pour avoir un reste d’ordre     n    2 2
𝒪 (s ε + s ε )  et non plus d’ordre    n
𝒪 (s  ε)  .

Par exemple pour un intégrateur de classe 𝒮𝒜 ℬ 𝒜
       2   (ordre quatre), on a :

           c1sLA d1sL εB  c2sLA d1sLεB  c1sLA
SABA2   = e     e     e     e      e
(2.28)

l’unique solution pour les coefficients est :

      1-          1-                      -1--
d1 =  2,     c1 =  2(1 − c2)    et    c2 = √ 3

avec

                   (    1   c  )
ℋ˜ = A +  εB + s2ε2  − ---+ -1   {{A, B}, B} + 𝒪 (s4ε)
               ◟-------24----4---◝◜------------------◞
                              𝒪(s4ε+s2ε2)
(2.29)

De manière similaire pour un intégrateur de classe 𝒮ℬ 𝒜 ℬ2   ,

            d1sL εB  c2sLA d2sLεB  c2sLA d1sLεB
SBAB2    = e     e     e      e    e
(2.30)

les coefficients positifs solutions sont l’unique triplet :

     1-          2-                1-
d1 = 6 ,    d2 = 3     et     c2 = 2

Ce sont ces deux intégrateurs qui ont été retenus pour l’écriture du code de tracking.

En fait, dans le cas particulier où A  est quadratique en les impulsions et B  ne dépend que des positions, il est possible d’améliorer encore la méthode en introduisant un correcteur 𝒞 défini par (voir Laskar et Robutel, 2000) :

𝒞 =  e−s3ε2c2L{{A,B},B}
(2.31)

où le coefficient du correcteur c  est déterminé pour annuler le terme d’ordre    2 2
𝒪 (s ε )  (voir par exemple l’expression 2.29 pour l’intégrateur SABA2   ). On notera que le correcteur introduit un pas négatif, mais qu’il est d’autant plus petit que l’ordre de la méthode est élevé (Tab 2.2).





n SABAn  SBABn



1 1∕12  − 1∕24
2      √ --
(2 −   3)∕24  1∕72




TAB. 2.2: Coefficient c  du correcteur pour les intégrateurs SABAn  et SABAn  (extrait de Laskar et Robutel, 2000)

Typiquement, le schéma symplectique avec correcteur s’écrit, par exemple pour un intégrateur SABA2    :

SABAC2    =  e−s3ε2c2L{{A,B},B}SABA2e   −s3ε2c2L{{A,B },B}
(2.32)

L’intégrateur avec correcteur est encore symétrique et son reste est d’ordre    n     4 2
𝒪(s ε + s ε )  .

Les intégrateurs que j’utiliserai sont d’ordre deux et quatre. Typiquement, un intégrateur d’ordre 4 sera utilisé pour intégrer les éléments de type dipôles, quadripôles alors qu’un intégrateur d’ordre 2  suffira pour l’intégration des multipôles individuels.

Nous montrerons qu’un intégrateur d’ordre deux avec correcteur est plus précis d’un ordre de grandeur que l’intégrateur de Ruth (cf. infra). Je vais maintenant présenter le Hamiltonien local pour chacun des principaux éléments magnétiques et les approximations réalisées.