4.3.1 Décohérence due à la chromaticité

4.3.1.1 Déphase chromatique induit

Considérons une particule animée d’un mouvement bétatron (cf. chap. 1, Eq. 1.60). La variation du nombre d’ondes horizontal dépend de l’énergie de la particule à travers la chromaticité :

νx = ν0x + ξxδ + 𝒪(δ2)
(4.2)

ξ
x est la fonction chromaticité et δ = dp
     p  l’écart à l’énergie nominale4.

Si l’on appelle (δ,Φ )  ses coordonnées canoniques5 dans l’espace des phases longitudinal, alors dans l’approximation linéaire, la dynamique longitudinale est gouvernée par le Hamiltonien (voir par exemple Lee, 1998) :

H = 1
2-˜hw0ηcδ2 ω0eV cos Φs
--4π-β2E----Φ2
= 1-
2˜hw0ηcδ2 + 1-
2   2
--ωs--
˜h ηcω0Φ2 (4.3)
avec             ∘ ˜hV-e|η-cosΦ-|
ωs= 2π νs = ω0  ---2πcβ2E-s-  la fréquence synchrotron, ω0   la fréquence de révolution, Φs  la phase synchrone, V  la tension radiofréquence effective, E  l’énergie de la particule, η=α− -1 ≈ α
cc γ2     c  , ˜h  le nombre d’harmoniques et t  la variable indépendante.

La trajectoire de phase est une ellipse d’équation dont nous choisissons d’écrire le paramétrage sous la forme :

{        ˆ
  δ = σδσδˆ cos(2 πνst + Φˆ)
         δˆδ            ˆ
  Φ = σ Φσˆδ sin(2π νst + Φ )
(4.4)

avec σδ  et σΦ   les dimensions d’équilibre des variables δ  et Φ  et             2
π σδσΦ = π σˆδ  , l’aire de l’ellipse de phase. Le glissement de la fréquence bétatron mesuré au n-ième tour s’écrit (Eq. 4.2 et 4.4) :

     ˆ ˆ        σδˆ             ˆ
Δνx (δ, Φ,n ) = ξ σ δ cos(2 πνsn + Φ )
                 ˆδ
(4.5)

et le déphasage induit sur n  tours pour la particule considérée est par définition :

Δφx(ˆδ ,ˆΦ,n) = 2π 0nΔν x(ˆδ ,ˆΦ,k) dk
soit en utilisant l’expression 4.5 :
Δφx(ˆδ ,ˆΦ,n) = ξˆδ σδ
---
σˆδνs1(sin(2πν sn + Φˆ) sin(Φˆ))
= [                 ]
 2ξν−s1σδ sin(π νsn) ˆδ
---
σ ˆδ cos(πνsn + ˆΦ)
= ˘αδˆ
---
σˆδ cos(πνsn + ˆΦ) avec ˘α = [   − 1           ]
 2ξνs  σδ sin(πνsn)
Le nouveau mouvement bétatron horizontal de la particule d’amplitude initiale x0   obéit à la loi :
                                  ˆ ˆ
x (n ) = x0cos(2π ν0xn +  φx + Δ φx(δ,Φ, n))
(4.6)

Le mouvement du centroïde d’un paquet de particules distribuées en amplitude et phase selon une densité de probabilités ρˆ(δˆ, ˆΦ)  s’exprime alors comme6  :

              ∫∫
< x(n ) >= x0     ˆρ(ˆδ, ˆΦ )cos(2πν0xn + φx + Δφx (ˆδ, ˆΦ,n ))dˆδ dˆΦ
(4.7)

4.3.1.2 Densité de probabilité longitudinale

Si les lois de distribution en amplitudes ρδ  et en phases ρΦ   des particules sont des gaussiennes de moyennes nulles et d’écart-types respectifs σ δ  et σ Φ   , alors la fonction de densité de probabilité conjointe est :

ρ(δ, Φ) = ρδ(δ)ρΦ(Φ)
= √--1---
  2πσ δe-δ2-
2σ2δ √--1---
  2πσ ΦeΦ2-
2σ2Φ
=    1
--------
2πσ δσΦeδ2-
2σ2δΦ2-
2σ2Φ (4.8)

La fonction densité de probabilité ˆρ  dans les nouvelles variables amplitude-phase (ˆδ, ˆΦ )  se déduit immédiatement (Eq. 4.4 et 4.8) :

                        ˆ    -ˆδ2
ˆρ(ˆδ, ˆΦ ) = ρ(δ,Φ)|J| =--δ--e−2σ2ˆδ
                      2πσ2ˆ
                          δ
(4.9)

J est le jacobien de la transformation continue de coordonnées 4.4 : (δ,Φ ) → (ˆδ,Φˆ)  .

4.3.1.3 Expression finale

Le mouvement du centroïde (Eq. 4.7) devient en utilisant l’équation 4.9 :

< x(n) > = x0 ∫ ∫ρˆ (ˆδ ,ˆΦ){cos(2πνxn + φx) cosφx(ˆδ ,ˆΦ,n))
sin(2πνxn + φx) sinφx(ˆδ ,Φˆ,n))}dˆδdΦˆ (4.10)
la sommation sur les sinus s’annule, car la fonction intégrée est impaire, d’où :
< x(n) > = x0 cos(2πνxn + φx) 0+{     −-ˆδ2-   ∫ π     (   ˆ               )    }
  -1-e 2σ2ˆδ-1-    cos  αˇ-δ-cos(πνsn + ˆΦ )  dΦˆ
  σ ˆδ     2π  − π       σˆδ dˆδ (4.11)
en utilisant la fonction de Bessel J0 (formule 9.1.18 in Abramowitz et Stegun, 1972) :
J0 (z) = 1
π- 0π cos(z cos(θ)) (4.12)
< x(n) > = x0 cos(2πνxn + φx) 0+-ˆδ-
σ
 ˆδe12(  )
 σˆδˆ
  δ2 J0(     )
   -ˆδ-
  ˇασ
     ˆδ d(   )
  -ˆδ-
  σ
   ˆδ (4.13)
et finalement avec la formule 11.4.29 (in Abramowitz et Stegun, 1972) :
0+eμ2t2 tη+1J η(λt) dt =   λ η
---2-η+1--
(2μ  )e-λ2
4μ2 (4.14)
              − ˇα2                                 −1
< x(n) >=  x0e  2 cos(2π νxn + φx)  avec   ˇα = 2ξνs  σˆδ sin(πνsn )
(4.15)

Le centroïde du faisceau effectue des oscillations bétatrons modulées par le facteur chromatique  (                      )
Fδ=exp  − 2 ξ2ν−s2σ2ˆδ sin2(πνsn ) . Ce dernier est une fonction 2νπs   -périodique dont les extrema sont 1 et         2  −2 2
exp (− 2ξ νs  σˆδ)  . Au premier ordre, la fréquence d’oscillation du centroïde n’est pas modifiée, car la distribution des phases bétatrons est symétrique par rapport à la phase synchrone.