L’étude expérimentale de Super-ACO dans le cadre de ce travail était assez naturelle : après le gel du projet SOLEIL, l’équipe faisceau de l’Unité de Gestion SOLEIL composée de membres de l’IN2P3, du CEA et du CNRS a été dissoute. L’équipe de M.P. Level, et en particulier A. Nadji, m’a tout de suite proposé de poursuivre mon travail au LURE et m’a offert la possibilité de réaliser de fructueuses et enrichissantes expériences directement sur l’anneau de stockage. Bien que Super-ACO soit en fonctionnement depuis bientôt quinze ans, les performances atteintes sont encore mal comprises : durée de vie, efficacité d’injection, limitation de l’acceptance dynamique et en énergie, résonances.
Un travail important avait déjà été réalisé, mais de nombreuses contraintes extérieures et utilisateurs ne permettent pas aux physiciens des accélérateurs de caractériser exhaustivement leur machine comme ils le souhaiteraient.
Différentes études ont été menées durant la dernière année de ma thèse. Tout d’abord une caractérisation du point de fonctionnement actuel de Super-ACO à travers l’Analyse en Fréquence (ouverture dynamique, carte en fréquence et résonances cf. chap. 3, p. § sqq.). Puis, pour affiner notre connaissance de la dynamique linéaire, similairement au travail effectué à l’ALS, je désirais connaître précisément les principaux défauts magnétiques mesurés de l’anneau. Or, nous ne disposions que de mesures magnétiques réalisées sur banc d’essai à la fin des années 1980. Nous avons donc décidé d’appliquer la méthode développée par J. Safranek : le programme LOCO que je présenterai succinctement (section 5.1). Enfin, perplexe vis-à-vis des résultats obtenus sur Super-ACO, j’ai proposé plusieurs expériences visant aux premières mesures du glissement des nombres d’ondes avec l’amplitude horizontale. Ces derniers résultats donneront un éclairage nouveau sur la dynamique globale de l’anneau (section 5.2 et section 5.3). Les résultats présentés sont extraits de rapports internes écrits pour le groupe accélérateur du LURE. Initialement, ces rapports ont été écrits de manière indépendante sous forme de notes d’expérience. J’espère que le lecteur me pardonnera quelques redites et un style moins soutenu. Pour faciliter la lecture, les parties techniques non fondamentales pour la compréhension des résultats sont écrites avec une police plus petite.
Dans un anneau de stockage, la périodicité interne permet d’améliorer la dynamique du faisceau en limitant le nombre de résonances pouvant être excitées ; cependant la présence de défauts quadripolaires1 est une des causes principales de brisure de cette symétrie et entraîne souvent une détérioration de la durée de vie et du taux d’injection via l’excitation de nonlinéarités. Donc, lorsque l’on désire optimiser une machine, une connaissance précise des défauts magnétiques est nécessaire pour établir un modèle aussi réaliste que possible ; alors seulement, les calculs d’ouverture dynamique, de carte en fréquence prennent tout leur sens.
Le programme LOCO (Linear Optics from Closed Orbits) a été écrit par Safranek (1997) dans cette optique pour analyser la matrice-réponse du National Synchrotron Light Source de Brookhaven et en déduire les gradients des quadripôles, les défauts des éléments magnétiques (alignements, rotations des éléments). Tout le programme repose sur l’analyse de l’orbite fermée en approximation linéaire. Cette méthode2 a déjà eu de nombreuses applications — voir par exemple pour l’Advanced Light Source (Robin et al., 1996) et pour l’anneau VUV du National Synchrotron Source (Safranek et Kramer, 1997) —
Dans ce travail, on se propose d’appliquer LOCO à Super-ACO. Dans une première partie, la méthode de calcul de la matrice-réponse est rappelée. Puis l’utilisation du programme LOCO est présentée et testée sur un exemple simple. Enfin, l’expérience du 19 juin 2000 est dépouillée : trois matrices-réponse ont été acquises pour trois configurations distinctes : hexapôles éteints, hexapôles allumés, hexapôles allumés et onduleurs fermés.
Le principal objectif est d’établir le jeu de défauts des gradients pour chaque cas et de valider la méthode. En discussion, une application des résultats est proposée pour restaurer la symétrie de Super-ACO.
Soit un dipôle fin de longueur , situé en
, donnant un angle ou impulsion (kick en
anglais)
à une particule, avec
la rigidité magnétique et
le champ
dipolaire intégré. Si juste avant l’impulsion, l’orbite fermée est
, alors juste après
l’impulsion, elle devient
. Trouver l’expression de l’orbite fermée
en
revient à
résoudre la relation de fermeture :
![]() | (5.1) |
où est la matrice de transfert de l’anneau sur un tour. La solution, exprimée en fonction des
paramètres de Twiss
, du nombre d’ondes
, est alors :
![]() |
Pour déduire l’expression de l’orbite fermée résultante en un endroit quelconque de
l’anneau, il suffit de propager la solution trouvée en
en utilisant la fonction de Green,
, de l’équation de Hill :
Pour un jeu de défauts dipolaires , en utilisant la linéarité de l’équation de Hill en la
perturbation dipolaire, l’orbite fermée résultante est simplement la superposition des orbites
fermées individuelles créées par une impulsion
(cf. Eq. 5.2), soit :
En expérience et en simulation avec le programme
MAD3
[50], la matrice-réponse est construite en allumant l’un après l’autre les correcteurs et en
enregistrant dans chacun des
BPM l’orbite fermée générée.
Expérimentalement, deux matrices sont construites : une pour des kicks d’angle et une
autre pour des kicks d’angle
. En effet, il subsiste une orbite fermée résiduelle créée par les
nonlinéarités des champs magnétiques. En calculant la différence de ces deux matrices, on élimine
ainsi l’orbite fermée résiduelle et l’on obtient une matrice-réponse équivalente à un kick d’angle
.
Le choix de la valeur du kick dipolaire est guidé par les deux considérations suivantes : d’une
part, une grande valeur de permet d’augmenter le rapport signal sur bruit de la mesure et donc
de réduire la barre d’erreur sur les valeurs de gradients trouvées par rapport au bruit aléatoire des
BPM ; d’autre part, une faible valeur de
permet de s’affranchir des nonlinéarités mais aussi de
rester dans une gamme de réponse linéaire de l’électronique. Une valeur intermédiaire doit donc
être choisie : en pratique des kicks de valeur induisant une perturbation de l’orbite fermée de
mm rms (valeur optimale pour le NSLS X-Ray Ring à Brookhaven :
mm rms — Safranek, 1997
—).
Le programme LOCO utilise une méthode des moindres carrés pour minimiser le « » entre
la matrice-réponse modèle,
, et la matrice-réponse expérimentale,
, en ajustant les
gradients quadripolaires :
![]() | (5.4) |
où la sommation a lieu sur les BPM et les correcteurs
, normalisée par le bruit des BPM
et
en utilisant une méthode de décomposition en valeurs singulières (SVD [96]). Les autres
paramètres pouvant être incorporés dans l’ajustement de la matrice-réponse non couplée sont
les gains des correcteurs (
), les gains des BPM (
) et le glissement de
l’énergie (
). Pour la matrice couplée, il faut ajouter la rotation des BPM et des
correcteurs.
Minimiser le revient à minimiser la norme du vecteur
dont les composantes sont définies
par :
![]() | (5.5) |
où l’indice varie de
à
. Alors en approximation linéaire, on
obtient4 :
La machine Super-ACO dispose de correcteurs,
verticaux (dans les
quadripôles défocalisant, i.e. les familles Q1 et Q4) et
horizontaux (dans les
quadripôles focalisant, i.e. les familles Q2 et Q3). De plus, il existe
autres
correcteurs horizontaux, chacun situé dans un dipôle (non utilisés dans la présente
étude5 ).
Les BPM composés de quatre électrodes se trouvent dans chacun des doublets de
quadripôles (cf. maille Fig. 5.1).
Je rappelle qu’une des spécificités de Super-ACO tient dans ses quadripôles combinés : dans chaque quadripôle (Q), il y a aussi un hexapôle (H) possédant un terme décapolaire important simulé par une lentille décapolaire (LD) et un correcteur dipolaire (cf. Fig. 5.2). Nous verrons plus tard (cf. section 5.1.6) que le fait d’avoir plusieurs composantes multipolaires et un correcteur dans un même élément physique peut compliquer la physique de l’anneau et l’interprétation des données.
|
La version actuelle de LOCO ne peut pas être utilisée de manière automatique : les itérations sont faites manuellement jusqu’à ce que la convergence soit atteinte. Généralement, trois à quatre itérations suffisent. La procédure d’utilisation du programme LOCO résulte d’une discussion avec J. Safranek (SLAC), D. Robin (ALS) et C. Steier (ALS).
Pour le début de l’étude, on ne considère que les 32 correcteurs situés dans les quadripôles. Pour s’affranchir des nonlinéarités, les hexapôles et les lentilles décapolaires sont éteints. Dans un premier temps, on a voulu s’assurer que si l’on donne à LOCO comme matrice expérimentale la matrice théorique alors LOCO donne l’ajustement parfait.
L’ajustement est réalisé uniquement sur les gradients des quatre familles de quadripôles ,
,
,
. La
fonction dispersion est supposée nulle tout autour de la machine pour s’affranchir du facteur d’Amman (cf.
infra).
Au bout de deux itérations, l’algorithme converge. Les petits écarts observés s’expliquent par le nombre de chiffres
significatifs entrés dans la matrice-réponse expérimentale simulée en tant que modèle. A la lecture du tableau 5.1, les
valeurs rms résiduelles sont négligeables compte tenu de la précision (arrondis à deux chiffres significatifs). et
(resp.
et
) sont les valeurs rms en millimètres des matrices-réponse théorique
et expérimentale horizontales (resp. verticales).
et
donnent l’écart rms entre ces
matrices.
|
En pratique, l’orbite fermée est mesurée sur Super-ACO avec seulement deux chiffres significatifs. Pour avoir une bonne convergence numérique, les données sont complétées par des zéros pour ces tests. En prenant huit chiffres significatifs, l’ajustement est parfait, i.e. avec erreur relative de l’ordre de la précision machine (cf. infra).
Pour vérifier le bon fonctionnement du programme LOCO, on simule des défauts sur les gradients des quadripôles en conservant la symétrie quatre de l’anneau.
Pour commencer, on dérègle le gradient de de
: on observe un glissement des nombres d’ondes :
et
.
Au bout de deux itérations, LOCO retrouve exactement les bonnes valeurs des gradients (comparer les valeurs attendues et finales du tableau 5.2. Les calculs sont faits en simple précision).
|
Puis, on dérègle de nouveau le gradient de la première famille de
mais uniquement sur le quadripôle
on observe un glissement des nombres d’ondes
et
. Encore une fois, le programme
LOCO converge en trois itérations vers les valeurs escomptées avec les bons nombres d’ondes (cf. tableau
5.3).
|
Le but de l’expérience du 19 juin 2000 était d’acquérir les matrices-réponse expérimentales de Super-ACO pour le point de fonctionnement nominal afin d’en déduire par ajustement les fonctions bétatrons de la machine puis les distributions correspondantes de gradients. Trois matrices ont été acquises, une avec les hexapôles éteints et onduleurs ouverts (section 5.1.5), puis avec les hexapôles allumés (section 5.1.6) et enfin une dernière en fermant les onduleurs (section 5.1.7). Dans chacun des cas, le minimum de couplage a été fait mais la chromaticité n’a pas été mesurée. En utilisant le programme LOCO (Safranek, 1997), on a cherché à établir le modèle théorique le plus proche possible de la machine réelle via l’optique linéaire.
Pour utiliser le programme LOCO, il est nécessaire de faire deux mesures supplémentaires :
Deux jeux de données ont été mesurés :
Les figures 5.3 donnent les résultats moyennés pour chaque BPM ainsi que les valeurs de bruit
rms,
, pour les deux cas considérés. De manière générale, les valeurs de bruits sont plus élevées
en début qu’en fin d’expérience (Tab. 5.4). Le bruit des BPM a également été mesuré le mercredi
20 septembre et mercredi 4 novembre 2000 ; les valeurs rms de bruit dans les deux plans valent
6,
ce qui correspond à la précision des BPM. Ces valeurs de bruit donnent la limite de convergence
qu’on peut espérer atteindre avec l’algorithme LOCO.
|
|
La fonction dispersion, , dans les BPM est calculée avec la formule usuelle (Rice in Chao et
Tigner, 1998) :
![]() | (5.7) |
avec , le facteur d’allongement du premier ordre (momentum compaction) et
, la
fréquence RF de l’anneau. Pour cela, on réalise deux mesures d’orbite fermée (
), pour deux
fréquences RF distinctes (
) juste avant l’acquisition de chacune des matrices-réponse (cf.
paramètres Tab. 5.5). L’erreur relative sur la valeur des dispersions est donnée par la formule :
|
On dispose de BPM,
correcteurs horizontaux et 16 correcteurs verticaux, donc la
matrice-réponse non couplée a
éléments.
Pour générer les matrices-réponse, on allume successivement les correcteurs avec un courant de , soit
approximativement
mrad pour un correcteur horizontal et
mrad pour un correcteur
vertical7,
et on mesure dans chaque BPM le déplacement de l’orbite fermée.
L’ajustement entre matrices expérimentale et modèle est réalisé en faisant varier les forces quadripolaires soit en familles (4), soit individuellement (32), les gains des correcteurs horizontaux (16) et verticaux (16), les gains des BPM horizontaux (16) et verticaux (16). Pour finir, dans les sections dispersives, le déplacement supplémentaire de l’orbite associé au glissement en énergie est pris en compte (parfois appelé facteur d’Amman [Amman, 1971]),
![]() | (5.9) |
avec le facteur d’allongement du premier ordre et
la circonférence de la machine.
En effet, la déviation produite par le correcteur dipolaire engendre — si la fonction
dispersion
est non nulle — une modification de la longueur
de l’orbite de la
particule :
![]() | (5.10) |
allongement équivalent à une modification de l’énergie de la particule :
![]() | (5.11) |
ce qui ajoute 16 nouveaux paramètres8. Au total, l’ajustement est réalisé sur 84 (ou 112) paramètres.
Cependant, on ne peut pas faire varier de manière indépendante l’ensemble des gains des BPM et des correcteurs sous peine de dégénérescence. En effet, si tous les gains des BPM sont augmentés d’un même facteur alors que ceux des correcteurs sont diminués proportionnellement alors la matrice-réponse reste inchangée : la SVD donne deux valeurs propres nulles. Pour lever cette dégénérescence, il suffit de fixer par exemple le gain d’un correcteur horizontal et d’un correcteur vertical.
Pour l’optique de Super-ACO utilisée, le courant stocké était de mA dans 24 paquets, en
faisceau « plat »
, ceci avec les quatre familles d’hexapôles éteintes.
Cette possibilité d’éteindre les hexapôles avec un faisceau circulant dans l’anneau est un
avantage qui permettra de déterminer les défauts de gradients indépendamment de ceux
induits par les hexapôles lorsqu’il existe une orbite résiduelle
en leur centre (cf.
section 5.1.6).
|
Le modèle utilisé est déduit des mesures de courant dans les
quadripôles9 :
c’est notre modèle de référence de Super-ACO (cf. Tab 5.6). Le point de fonctionnement
théorique devient alors . Notons que par rapport au point de
fonctionnement nominal, le courant dans
ayant changé, les valeurs de la fonction dispersion
théorique sont également légèrement modifiées. Les nombres d’ondes mesurés valent :
. L’incertitude sur
provient de la faible valeur du courant
(à l’oscilloscope au lieu d’un pic unique, on en observe plusieurs).
Les résultats sont résumés par la figure 5.4 et le tableau 5.7.
|
|
La principale raison de ces écarts est la création d’orbite fermée par les défauts de champs
quadripolaires (cf. sous-section 5.1.5.4) suivant la loi (Nadji, 1992).
En utilisant les résultats de la section suivante, la formule 5.12 donne comme écart moyen sur la
dispersion mm rms alors que la valeur issue des mesures expérimentales est presque
trois fois plus grande
mm rms.
Ajustement sur quatre familles :
Avant l’ajustement, le désaccord entre les orbites mesurées et théoriques est supérieur en valeurs
rms à horizontalement (H) et à
verticalement (V).
Après un ajustement sur les quatre familles de quadripôle l’accord est de (réduction
d’un facteur 5) et
(réduction d’un facteur 3) respectivement dans les plans horizontal et
vertical avec un
de 2 080. En suivant les résultats énoncés précédemment, la valeur escomptée
du
devrait être idéalement au mieux
, sachant qu’il y a (
) points de donnée
et (
) paramètres indépendants ajustés. Le point de fonctionnement devient alors
soit
, ce qui est en excellent accord avec
la mesure expérimentale des nombres d’ondes. Les gradients des familles de quadripôles ont varié
de moins de
(cf. Tab. 5.8, Fig. 5.5). Il faut remarquer que les écarts relatifs
obtenus pour les gradients sont tous négatifs : ceci ne peut pas être dû à un phénomène
aléatoire.
|
Les nouvelles fonctions sont tracées sur la figure 5.6 ; le battement (Fig. 5.7) de la fonction
est de
autour de
(traduit le glissement
) et celui de
est de
autour de
(
).
Les bruits et gains des BPM ainsi que ceux des correcteurs sont donnés par la figure 5.8. Les
valeurs sont raisonnables ; en moyenne, on retrouve la bonne valeur de kick dipolaire vertical
. Par contre dans le plan horizontal, la valeur attendue
, n’est pas
atteinte dans les régions dispersives. Cet écart est à corréler avec l’écart en dispersion donné par
LOCO (cf. Fig. 5.4).
|
|
Ajustement sur les quadripôles individuels :
Lorsque l’ajustement est réalisé sur les 32 gradients des quadripôles, la symétrie 4 de l’anneau
est brisée. La convergence semble meilleure : et
, horizontalement et verticalement
avec comme nombres d’ondes
et un
de
. Les gradients des
quadripôles ont varié de façon plus significative jusqu’à
(Fig. 5.9). Cependant, cette
variation ne semble pas aléatoire comme l’on s’y attendrait ; bien au contraire, il semble que la
variation sur un quadripôle est rattrapée immédiatement sur le quadripôle suivant. Néanmoins, les
variations en moyenne pour chaque famille correspondent à celles trouvées en symétrie 4.
|
Ces résultats sont assez surprenants. En effet, briser la symétrie 4 de l’anneau devrait
simplement se traduire par une distribution aléatoire des gradients quadripolaires autour
des valeurs trouvées précédemment pour chaque famille. En aucun cas, la justification
de variation de l’ordre du pourcentage ne semble plausible, ce qui est bien au-delà des
valeurs provenant des mesures magnétiques (Barthès et al., 1990, voir Fig. 3.22, p. §). De
plus, une aussi faible valeur du suggère, ou bien que la machine est parfaitement
connue, ou bien que le nombre de paramètres ajustés est trop important. La dernière
hypothèse semble la plus raisonnable : nous essayons d’ajuster 32 valeurs de gradients en
utilisant les mesures de 16 BPM à quatre électrodes. Les autres paramètres, les gains des
correcteurs et des BPM et les facteurs d’Amman, peuvent être vus comme de poids secondaire
dans l’ajustement. Le même type de problème est par exemple rencontré à l’ALS où il y
a 104 gradients quadripolaires à ajuster sur 96 BPM (communication personnelle, C.
Steier).
Nous voudrions connaître, parmi ces 104 paramètres, combien ont une influence réelle
sur l’ajustement. La réponse à cette question est fournie par l’analyse du spectre des
valeurs propres résultant de la décomposition en valeurs singulières. Sur la figure 5.10, les
valeurs propres () sont rangées par ordre décroissant de l’amplitude. On observe une
décroissance rapide des amplitudes avec deux seuils : le premier en
, le second en
.
|
Ces résultats suggèrent de réaliser l’ajustement en rejetant tous les paramètres conduisant à des
valeurs propres inférieures au seuil 1 ou 2. Il s’avère que ne rejeter que les valeurs propres plus petites que le
seuil 2 n’améliore pas les résultats précédents. Comme attendu à la lecture du spectre, seul le seuil 1 est
significatif10 :
la convergence est maintenant de (H) et
(V) avec comme nouveaux nombres
d’ondes
et un
plus élevé de 1 050. La variation des gradients
individuels est aléatoire et avec des amplitudes très voisines de celles obtenues pour les familles de
quadripôles (Fig. 5.11).
|
La convergence est acceptable si l’on considère la valeur moyenne du bruit des BPM, sachant que de toute manière les mesures ne sont faites avec seulement deux chiffres significatifs, i.e. une bien faible résolution inhérente à Super-ACO.
A titre indicatif, la figure 5.12 illustre les variations relatives des gradients par rapport aux valeurs déduites de l’ajustement en familles.
|
Les nouvelles fonctions sont tracées sur la figure 5.13. et leurs battements sur la figure 5.14.
Les battements,
, sont plus importants horizontalement (
autour de
) que
verticalement
. Ils s’expriment en première approximation suivant la formule classique
(Rice et Cornell in Chao et Tigner, 1998) :
![]() | (5.13) |
où est le gradient intégré du i-ème quadripôle,
son avance de phase.
Soit avec une formule statistique (Nadji, 1992) :
On remarque que le battement des fonctions d’ondes est maximum pour un déphasage
soit pour un défaut dans un quadripôle situé de manière diamétralement
opposée à la position
du BPM où il est observé.
Enfin, LOCO réalisant un ajustement sur le glissement en énergie induit dans les régions dispersives, on peut en déduire les valeurs des dispersions dans les correcteurs, celles dans les BPM ont déjà été mesurées (cf. Eq. 5.9). L’ensemble des résultats en comparaison avec les dispersions déduites de l’ajustement est illustré par la figure 5.15 : l’accord est correct dans les BPM compte tenu des erreurs de mesure. Cependant, il faut noter des écarts dans les correcteurs entre la dispersion déduite du facteur d’Amman et celle donnée par le modèle ajusté. De plus, la dépendance en énergie de la matrice-réponse est traitée trop simplement dans le code LOCO (communication personnelle, H. Zyngier).
La figure 5.16 donne les nouveaux gains des BPM ainsi que le niveau de bruit de chaque BPM et
correcteur et également la valeur ajustée du kick. On remarquera qu’à la convergence, le bruit rms
du BPM rapporté au bruit total rms de tous les BPM n’est pas voisin de l’unité comme il
devrait l’être théoriquement pour une convergence atteignant le niveau de bruit des
BPM.
En conclusion, l’algorithme LOCO ajuste correctement les fonctions , les nombres d’ondes.
Les défauts de gradients trouvés sont relativement faibles, ce qui suggère un assez bon accord entre
la théorie et l’expérience.
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|
|
|
Dans cette partie de l’expérience, une matrice-réponse de Super-ACO a été acquise en allumant les hexapôles — les onduleurs sont toujours ouverts — Les hexapôles peuvent générer une composante quadripolaire s’il existe une orbite fermée non nulle comme nous allons le voir. Le potentiel vecteur d’un hexapôle droit a pour expression :
![]() | (5.15) |
où est la force intégrée de l’hexapôle.
Si l’orbite fermée n’est plus la trajectoire dans l’hexapôle mais
, alors
une composante quadripolaire (et dipolaire) apparaît dans l’expression générale du potentiel
vecteur :
![]() | (5.17) |
où est le champ intégré d’un quadripôle droit et
celui d’un quadripôle
tourné (à prendre en compte si l’on considère le couplage).
En partant des valeurs des gradients trouvés précédemment, hexapôles éteints, on peut
maintenant déduire des nouvelles valeurs de gradients, la valeur des champs quadripolaires induits
par chaque hexapôle. De plus, connaissant et
, on peut également déterminer une mesure
de l’orbite fermée,
, dans les hexapôles.
Un courant mA a été injecté dans 24 paquets avec un faisceau plat
.
Comme les courants alimentant les quadripôles ont changé (cf. Tab. 5.9), il sera plus délicat d’isoler
exactement la contribution quadripolaire induite par les hexapôles seuls et d’appliquer la procédure
précédemment exposée ; le point de fonctionnement déduit des nouvelles valeurs de courant dans les
quadripôles est maintenant
, ce qui est très loin du point de fonctionnement
précédent11. Les nombres d’ondes mesurés
sont
12.
|
A cela, il faut ajouter une question : pour les forces hexapolaires, doit-on prendre les valeurs déduites du courant les alimentant ou bien celles permettant d’obtenir les bonnes valeurs de chromaticités — non mesurées lors de l’expérience — ? En effet, rappelons que la chromaticité est créée :
A titre de comparaison, les chromaticités non réduites produites sans prendre en compte les défauts ou les correcteurs
sont 13
alors que si l’on ne considère que les courants expérimentaux elles valent
14.
De nouvelles mesures de chromaticités ont été réalisées le 30 octobre 2000 pour les mêmes courants
hexapolaires (mais un jeu de correcteurs différent) : hexapôles éteints, on a mesuré seulement
, et avec les hexapôles
. Ces valeurs sont très différentes de celles
énoncées précédemment.
Ajoutons encore que la localisation des correcteurs dans les quadripôles implique un faible recouvrement des intégrales de champ ; donc théoriquement le champ magnétique du correcteur induit une modification de celui du quadripôle, de l’hexapôle. De plus, comme il y a une orbite fermée non nulle, la perturbation créée par le dipôle n’est pas parfaitement dipolaire. Toutes ces considérations n’ont pas été prises en compte dans notre simulation de la matrice-réponse et pourraient expliquer les difficultés rencontrées pour réduire les données lorsque les hexapôles sont allumés.
Les résultats sont résumés par la figure 5.17 et le tableau 5.10.
|
|
La dispersion peut être créée (Nadji, 1992) :
![]() | = ![]() ![]() ![]() | (5.18) | |
≈ 20.1 |
![]() | = ![]() ![]() ![]() | (5.19) | |
≈ 10.4 |
Il est également intéressant de comparer ces valeurs de dispersion avec celles trouvées hexapôles éteints (Fig. 5.18) : les dispersions ont changés de manière significative dans les régions à faible dispersion bien que les valeurs des courants des familles Q3 et Q4, qui règlent la valeur de la dispersion, n’aient pas changé entre les deux réglages optiques. Globalement les écarts relatifs sont plus importants dans les régions à faible dispersion.
|
Ajustement sur quatre familles :
En considérant les valeurs expérimentales hexapolaires déduites de courants mesurés, les écarts
rms entre matrices modèle et expérimentale valent (H) et
(V) avant
l’ajustement16.
En symétrie 4, le résidu entre matrices modèle et expérimentale de Super-ACO est de
rms (H) et
rms (V) avec un
de 1 579. Le point de fonctionnement devient
, ce qui est en accord avec les mesures expérimentales ; les gradients ont
changé de manière plus significative que dans le cas précédent (Fig. 5.19). Cette fois, la variation
sur les gradients est plus importante pour les familles Q1 et Q2 alors que dans le cas
hexapôles éteints il s’agissait plutôt de ceux de Q3 et Q4. On peut maintenant déduire les
gradients moyens induits par les hexapôles (Fig. 5.20) : les valeurs sont de l’ordre du pour
mille, i.e. extrêmement faibles. Les battements des fonctions
sont donnés par la
figure 5.21.
|
Ajustement sur les quadripôles individuels :
En faisant varier individuellement les gradients, les résidus deviennent : (H) et
(V) dans chacun des plans avec un
de 926. Les nombres d’ondes finaux valent :
.
Les défauts gradients mesurés sont donnés par la figure 5.22, les variations relatives vont
jusqu’à . Ces variations sont similaires en termes d’amplitudes à celles trouvées hexapôles
éteints. Les battements des fonctions
induits sont donnés à titre indicatif par la figure 5.25. En
utilisant la relation 5.17, il est possible possible d’extraire des défauts quadripolaires la contribution
hexapolaire (cf. Fig. 5.23) ainsi que le défaut d’orbite fermée dans les hexapôles (cf. Fig. 5.24). Ces
défauts sont relativement faibles. On remarque cependant que la distribution des défauts
d’orbite fermée horizontale n’est pas aléatoire : elle suit la 4-périodicité de l’anneau et est
corrélée aux mesures de la fonction dispersion dans les BPM et aux fonctions
(cf.
Fig. 5.25).
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On peut encore remarquer que les valeurs de dispersions déduites de l’ajustement sont en
accord avec celles mesurés dans les BPM (Fig. 5.26). L’accord est meilleur lorsque l’on
compare les dispersions dans les correcteurs déduites de l’ajustement de grâce à la
formule 5.9, et celles du modèle ajusté. Une des causes du désaccord moyen de 10% peut
être l’influence des erreurs dipolaires non modélisées (orbite fermée non nulle dans les
quadripôles).
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La matrice-réponse avec les onduleurs fermés a été acquise pour un courant mA dans 24
paquets — dimensions faisceau
—. Les courants quadripolaires et
hexapolaires mesurés sont donnés par le tableau 5.11 ; les gradients des familles Q3 et Q4 ont été
modifiés pour compenser globalement la focalisation induite par les insertions.
|
Dans la version 8.15 de MAD, les onduleurs ne sont pas modélisables. L’ensemble des résultats obtenus avec LOCO ne sera à prendre en compte que de manière qualitative. Cependant l’ajustement ayant lieu principalement sur les fonctions optiques, les nombres d’ondes trouvés seront très proches des valeurs expérimentales. Par contre, les variations sur les gradients n’ont pas de signification physique, car ils ne tiennent pas compte de la focalisation des onduleurs.
Si l’on considère une maille de Super-ACO avec les gradients quadripolaires et champs
hexapolaires mesurés via les courants mais sans onduleur, le point de fonctionnement vaut
, qu’il faut ensuite modifier pour ajouter l’influence de la focalisation des
onduleurs.
Les glissements des nombres d’ondes induits par l’ensemble des onduleurs (cf. Fig. 5.28) SU2,
SU3, SU6, SU7 et SU8 sont . Ces valeurs calculées en utilisant
les valeurs expérimentales de courant (cf. Tab. 5.11) sont très proches des mesures réalisées au
début des années 1990 — Brunelle, 1992 — (cf. Tab. 5.12), le point de fonctionnement devient
après l’ajustement
auquel il faudrait encore ajouter l’influence de l’orbite
fermée non nulle dans les hexapôles.
|
Dans le code BETA [93], les onduleurs sont modélisés
idéalement17,
i.e. sans focalisation horizontale ( et
). Le point de fonctionnement déduit des
valeurs expérimentales de courant est alors
.
Les dispersions mesurées dans les BPM sont exprimées dans le tableau 5.13. Ne disposant pas de
modèle satisfaisant de l’anneau avec les onduleurs, on ne donnera pas de comparaison avec un
hypothétique modèle mais avec les valeurs mesurées de la fonction dispersion dans les deux cas
précédents (Fig. 5.29 et Fig. 5.30). La comparaison n’est donnée qu’à titre qualitatif puisque les
familles Q3 et Q4, réglant les dispersions, sont différentes. La grande différence concerne
la dispersion est maintenant positive dans les régions à faible dispersion (BPM 1, 4,
16) : en moyenne, les écarts relatifs sont de près de 150 % pour ces trois BPM. Par
contre dans les régions dispersives, les écarts relatifs restent faibles : inférieurs à en
moyenne.
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Tous les résultats suivants doivent être considérés qualitativement. L’algorithme LOCO converge
bien dans les deux plans avec des écarts (H) et
(V) et un point de fonctionnement
de
. L’allure des fonctions
(Fig. 5.32) est déformée en particulier au
voisinage des onduleurs. Qualitativement, elle est en accord avec celle prédite par le code BETA.
Retenons simplement, que LOCO donne une bonne estimation de l’allure des fonctions optiques et
des nombres d’ondes. La perturbation de l’optique linéaire par les onduleurs SU2, SU3, SU7 et SU8
est nettement observée.
A titre indicatif, les variations sur les gradients sont données par la figure 5.31 : les écarts sont de plusieurs pour cent. Comme les onduleurs ne sont pas inclus dans la description de la maille utilisée par le code LOCO, ces valeurs ne doivent pas être considérées comme réalistes. Par contre, il est intéressant de comprendre comment le programme LOCO a ajusté l’optique linéaire de l’anneau de stockage.
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Nous avons vu que les onduleurs induisent des glissements importants des nombres d’ondes en particulier dans le plan vertical (cf. Tab. 5.12) ; les onduleurs SU2, SU3, SU7 et SU8 perturbent fortement l’optique de Super-ACO. Le code LOCO compense localement la perturbation de chaque onduleur en modifiant les gradients des quadripôles adjacents dont la focalisation est verticale. C’est pourquoi, des variations relatives de plusieurs pour cent sont observées. En pratique, l’influence des onduleurs est compensée globalement sauf pour SU8 (Brunelle et al., 1999).
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Ce travail a permis d’obtenir une estimation des erreurs quadripolaires mesurées pour deux configurations machine à savoir hexapôles éteints et allumés. Deux approches ont été tentées.
Les légers désaccords de la fonction dispersion dans les correcteurs proviennent en majeure partie des défauts dipolaires qui n’ont pas été pris en compte dans cette étude.
Il s’est avéré que la convergence de l’algorithme est correcte seulement si l’on ne conserve que les 16 valeurs singulières principales. Il semble exister une faible corrélation entre les 32 quadripôles individuels rendant leurs variations non indépendantes. De plus, pour Super-ACO, les 32 gradients sont ajustés en utilisant 32 correcteurs et 32 lectures BPM. Pour une machine comme l’Advanced Light Source, l’ajustement est typiquement fait sur 49 gradients et utilisant 96 BPM et 164 correcteurs. Le nombre de stations de mesures de Super-ACO est trop faible pour espérer obtenir une détermination des gradients individuels. A cela, il faut ajouter la faible résolution des BPM.
Les déviations trouvées pour les gradients sont faibles, de l’ordre du pour mille. Ce résultat est en accord avec les mesures magnétiques. Ce qui suggère que l’optique linéaire de Super-ACO est bien modélisée. La compensation individuelle des défauts quadripolaires n’a pas pu être vérifiée expérimentalement, car les quadripôles sont alimentés par famille.
Pour ce qui est de l’influence des erreurs sur ces résultats énoncés, il convient de distinguer les erreurs aléatoires des erreurs systématiques :
Nous pouvons également noter que nous avons obtenu les premières mesures expérimentales qualitatives des fonctions optiques lorsque les onduleurs sont fermés. Pour prendre réellement en compte l’effet des insertions, un travail possible consisterait à interfacer le code LOCO avec le code BETA utilisé à Super-ACO.
Enfin, remarquons que le programme LOCO permet également de déduire le couplage de la
machine en analysant les matrices-réponse couplées. Cependant des perturbations dipolaires de
A, utilisées ici pour enregistrer les matrices-réponse, sont trop faibles pour observer des
termes croisés de la matrice-réponse non nuls compte tenu de la faible résolution des
BPM.
L’impact de ces résultats sur la compréhension de la dynamique de Super-ACO est faible. Les défauts quadripolaires déduits sont de l’ordre de grandeur de ceux déduits des mesures magnétiques. Or, nous avons vu que l’influence de ces derniers est très faible sur la dynamique du faisceau (cf. chap. 3, section 3.2). Nous avons donc orienté notre recherche dans une autre direction : la mesure expérimentale des glissements des nombres d’ondes avec l’amplitude horizontale en utilisant des mesures tour par tour. Il est important de noter que l’anneau Super-ACO ne dispose pas de BPM tour par tour ; il est équipé uniquement d’un perturbateur horizontal.
Le but de cette expérience est de mesurer le glissement des nombres d’ondes avec l’amplitude horizontale afin de caractériser les nonlinéarités de la machine réelle. Une électrode située dans la première section droite de l’anneau est utilisée pour réaliser des mesures tour par tour. Dans un premier temps, on effectue un étalonnage de l’électrode au moyen de déplacements horizontaux (bumps statiques). Puis avec l’aide d’un perturbateur (P4 ou P6), on déplace le faisceau sur un tour et on le laisse osciller bétatroniquement. Le signal collecté sur l’électrode est ensuite analysé en utilisant l’algorithme d’Analyse en Fréquence (Laskar, 1990) dont la convergence rapide permet la détermination de fréquences sur quelques centaines de tours. Ces mesures sont faites pour la machine nominale, onduleurs ouverts, ainsi que pour une optique fortement détériorée (les familles hexapolaires H1 et H2 éteintes) où le phénomène de décohérence est dominant. Les premières courbes expérimentales de la variation des nombres d’ondes avec l’amplitude sont présentées. Le principal résultat est la mise en évidence d’une composante non modélisée de type octupolaire.
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![]() | (5.20) |
Pour chaque kick du perturbateur (aimant dipolaire rapide), on maintient la phase constante par rapport à la synchronisation de référence à des fins de reproductibilité. Les signaux de l’électrode et du perturbateur sont enregistrés tour par tour.
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Perturber le faisceau au moyen d’un bump statique ou avec un kick dipolaire correspondent donc à deux réponses très différentes de l’électrode.
![]() ![]()
|
![]() ![]()
|
![]() | (5.21) |
Ces résultats permettent de proposer pour la calibration du perturbateur P4, la realtion entre sa tension et l’amplitude imprimée au faisceau :
![]() | (5.22) |
.
![]() ![]()
|
![]() | (5.23) |
![]() | (5.24) |
![]() | (5.25) |
Il apparaît immédiatement que pour petit, l’effet est négligeable sur
.
![]() ![]()
|
|
![]() | (5.26) |
|
![]() | (5.27) |
|
|
|
![]() | (5.28) |
avec et
où
et
sont les paramètres de Twiss. Si l’on
considère une distribution gaussienne d’écart type
des amplitudes
et
si l’on néglige le couplage (x-y), l’amortissement, l’excitation quantique et les
interactions entre particules, alors l’évolution du centroïde du faisceau suit la
loi21 :
![]() | (5.29) |
où est le numéro du tour après le kick d’amplitude
,
et
le facteur chromatique défini par :
![]() | (5.30) |
avec la fréquence synchrotron et
la dispersion en énergie.
|
Plusieurs constatations sont à faire :
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|
Ces résultats constituent pour Super-ACO les premières mesures tour par tour ainsi que les premières mesures de la variation des nombres d’ondes avec l’amplitude horizontale.
La modélisation actuelle de Super-ACO ne permet pas d’expliquer :
Le problème majeur que nous souhaitons résoudre est de comprendre quelle est l’origine de la composante octupolaire observée. La valeur proposée est trop importante pour pouvoir être expliquée par la composante aléatoire des octupôles de défauts des hexapôles. Nous allons montrer que les champs de fuite des quadripôles permettent d’expliquer les observations expérimentales.
Théorie des perturbations et glissements des nombres d’ondes : L’expression des champs de fuite a déjà été étudiée par de nombreux auteurs. Sa formulation générale peut être déduite de l’expression générale du champ magnétique en partant des équations de Maxwell — voir par exemple, l’article complet de Papaphilippou, Wei et Talman (2001) —.
|
Pour calculer le glissement des nombres d’ondes induits par les champs
de fuite du quadripôles, nous utilisons une théorie de perturbation. Nous
admettons la forme de la perturbation qui a été établie rigoureusement par
Zimmermann23
(2000) pour un quadripôle dont les champs de fuite s’étendent de part et d’autre de l’aimant sur
une longueur
:
![]() | (5.31) |
avec en coordonnées rectangulaires, en ne gardant que les termes significatifs :
![]() | (5.32) |
où est le gradient du quadripôle et
sa longueur effective.
En utilisant les variables angles-actions, et
, le
Hamiltonien moyenné devient en sommant sur tous les quadripôles de la machine (Zimmermann,
2000) :
< ![]() | ![]() | ||
+ ![]() | (5.33) |
![]() | (5.34) |
soit :
![]() | (5.35) |
et :
![]() | (5.36) |
Application à Super-ACO : Pour Super-ACO, en prenant pour les applications numériques
m,
m et les valeurs expérimentales des gradients des quadripôles (cf.
Tab. 5.42), les glissements des nombres d’ondes sont :
![]() | (5.37) |
où est l’expression de la fonction
au niveau de l’électrode à 45 degrés.
La contribution des pseudo-octupôles des champs de fuite des quadripôles est tracée sur la
figure 5.52. La théorie et l’expérience sont en accord : les glissements des nombres d’ondes sont
pratiquement ceux mesurés. Il est également possible d’ajuster la composante pseudo-octupolaire
pour obtenir un accord parfait avec les mesures (cf. Fig. 5.52) :
![]() | (5.38) |
Les écarts entre les valeurs de ces glissements de nombres d’ondes théoriques et mesurés sont de
pour
et
pour
. Ces résultats sont compatibles avec l’incertitude sur les
valeurs expérimentales des fonctions
(perturbation de l’optique linéaire et couplage non
modélisés).
|
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Modélisation en algèbre de Lie : Il est possible de modéliser ces champs de fuite en utilisant
l’algèbre de Lie. En 1998, Forest et Milutinović ont établi l’expression de l’application de
transfert du champ de fuite, pour un quadripôle de gradient
(voir aussi Forest,
1998) :
![]() | (5.39) |
avec .
![]() | (5.40) |
avec ,
et
les couples de variables canoniques.
Pour illustrer l’influence de la contribution des pseudo-octupôles24 sur la dynamique globale de Super-ACO, différentes cartes en fréquences de l’anneau ont été calculées, accompagnées de la demi-ouverture dynamique correspondante.
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|
En particulier la résonance hexapolaire limite l’ouverture dynamique verticale
alors que la résonance
réduit son extension horizontale (voir aussi la
figure 5.58).
La carte en fréquence ainsi obtenue pourrait fortement refléter la dynamique réelle du faisceau
(en incluant par exemple les défauts de champs magnétiques). De plus, si la résonance
couplée limitait expérimentalement la dynamique du faisceau, alors
l’ouverture dynamique serait réduite à
mm horizontalement et
mm
verticalement.
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|
Rappelons enfin que tous ces résultats ont été obtenus en utilisant pour la première fois une électrode à 45 degrés : de nombreux phénomènes parasites (bruit, méconnaissance de l’étalonnage, réponse de l’électronique) sont venus perturber les mesures. Dans la section suivante (5.3), nous présentons une confirmation de ces résultats : dans ce cas les mesures sont effectués en utilisant une électrode d’un des BPM de l’anneau. Il sera extrêmement intéressant de pouvoir refaire des expériences similaires dès que nous disposerons des deux premiers BPM tour par tour qui devraient être installés début 2001 dans l’anneau Super-ACO.
|
Lors de cette expérience, des données tour par tour ont été acquises pour déduire la variation des
nombres d’ondes et
avec l’amplitude horizontale en utilisant l’Analyse en Fréquence
(Laskar, 1990). D’autre part, deux moniteurs de position sont utilisés pour réaliser les premières
mesures d’espaces des phases pour différentes configurations machine : point de fonctionnement de
routine avec et sans minimum de couplage, point de fonctionnement en éteignant les deux familles
d’hexapôles H1 et H2. Les résultats de l’expérience du 22 mai 2000 se trouvent confirmés, à savoir
l’existence d’une forte composante pseudo-octupolaire associée aux champs de fuite quadripolaires
non négligeables pour l’optique de Super-ACO.
|
![]() | (5.41) |
avec , la différence de phase entre les deux BPM et (
, les paramètres de Twiss en
. On en déduit immédiatement la relation :
![]() | (5.42) |
Pour un mouvement linéaire, les trajectoires sont des ellipses d’aire où
est l’action définie par
.
|
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![]() | (5.43) |
|
|
|
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![]() | (5.44) |
![]() | (5.45) |
![]() | (5.46) |
|
|
En utilisant ces coordonnées normalisées, l’espace des phases pour les différents kicks est tracé (cf. Fig. 5.69 et Fig. 5.70).
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![]() | (5.47) |
avec , la fonction
au niveau du moniteur de position.
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![]() | (5.48) |
avec , la fonction
au niveau du moniteur de position. Il est remarquable de
trouver un excellent accord entre la mesure et notre modèle de Super-ACO (cf.
Fig. 5.74). Le léger écart pour
semble provenir d’un terme de couplage non
modélisé.
En pratique, seules les données avec un bon rapport signal-sur-bruit sont analysées. Il s’ensuit une détérioration de la détermination des fréquences à grande amplitude. Cependant, la convergence rapide de l’Analyse en Fréquence permet d’obtenir amplement une précision du pour mille pour les nombres d’ondes.
|
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![]() | (5.49) |
avec , la fonction
au niveau du moniteur de position. L’accord avec la mesure est
remarquable lorsque les pseudo-octupôles sont pris en compte dans le modèle de
Super-ACO.
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![]() | (5.50) |
avec , la fonction
au niveau du moniteur de position.
Dans le plan horizontal l’accord semble excellent et moindre pour le nombre d’ondes vertical (cf. Fig.5.80).
Cette expérience a permis de mesurer pour la première fois, à Super-ACO, des espaces des phases. Les données tour par tour ont été collectées sur une électrode de deux moniteurs de positions de l’anneau. L’étalonnage et la comparaison des réponses des BPM 4 et 12 a montré qu’ils n’étaient pas équivalents avec des écarts jusqu’à 2 mm à grande amplitude.
Le second volet de cette expérience a été l’analyse des données tour par tour pour déterminer les glissements expérimentaux des nombres d’ondes transverses avec l’amplitude horizontale. Les résultats confirment ceux obtenus lors de la première expérience de ce type (22 mai 2000) : les champs de fuite des quadripôles produisent un terme pseudo-octupolaire fort qui perturbe fortement la dynamique de l’anneau. En moyenne, les glissements des nombres d’ondes induits sont :
![]() |
Il faut noter que compte tenu des conditions expérimentales, des défauts non modélisés dans nos simulations (erreurs dipolaires, défauts quadripolaires, couplage), ces résultats doivent être accompagnés d’une barre d’erreur de l’ordre de dix pour cent.
Les résultats expérimentaux présentés au cours de chapitre apportent un éclairage nouveau sur la modélisation de Super-ACO. Pour améliorer la compréhension des performances actuelles de l’anneau, nous souhaitions initier les premières mesures tour par tour des glissements des nombres d’ondes avec l’amplitude sur l’anneau d’Orsay. Si à l’ALS il a été possible d’obtenir la première carte en fréquence expérimentale d’un accélérateur, nous savions que la tâche serait plus ardue à Super-ACO : l’anneau de stockage n’était pas équipé de BPM tour par tour et le faisceau ne pouvait être déplacé que selon la direction horizontale. A la place des BPM tour par tour, nous ne disposions que d’une électrode utilisée initialement pour le diagnostic et mélangeant les signaux transverses. Cependant, ces expériences, innovantes à Orsay, ont suscité un grand intérêt de la part de l’ensemble du groupe faisceau (conducteurs de faisceau, électroniciens, ingénieurs, physiciens et techniciens). Une fois leur faisabilité technique attestée, ces expériences ont presque toutes donné des résultats exploitables (à la grande surprise de l’auteur). Utilisant l’Analyse en Fréquence, le principal résultat est la mise en évidence expérimentale de l’influence des pseudo-octupôles des champs de fuite des quadripôles de Super-ACO. Jusqu’à présent non pris en compte dans la modélisation de l’anneau, nous avons vu qu’ils ont un impact considérable sur la dynamique transverse du faisceau.
Ces résultats ont été confirmés depuis (printemps 2001). Deux « vrais » moniteurs tour par tour ont été installés dans l’anneau de stockage pour refaire le même type d’expériences. Ce travail a été réalisé en particulier par Mahdia Belgroune sous la direction du groupe faisceau : bénéficiant d’une électronique plus rapide, d’un meilleur rapport signal-sur-bruit, d’une meilleure résolution, les pseudo-octupôles permettent d’expliquer des glissements des nombres d’ondes horizontal et vertical mesurés pour différents choix d’optiques.
L’optique de Super-ACO peut désormais être modélisée par les éléments magnétiques suivants :
![]() |
où est la fonction optique au point d’observation.
![]() |
![]() |
![]() |
Ces valeurs ne sont pas figées, car la correction d’orbite fermée varie chaque jour ; seul l’ordre de grandeur est à considérer.
![]() |
Le dernier point de désaccord observé concerne la mesure de la chromaticité naturelle. La raison pourrait être simplement le logiciel BETA a été écrit pour des accélérateurs à grand rayon de courbure. Un terme non négligeable pour le calcul de la chromaticité d’une machine telle Super-ACO doit être bientôt introduit dans le code de calcul. De plus, les champs de fuite des dipôles (non modélisés) sont de type hexapolaire et induisent une chromaticité verticale non négligeable.
Enfin, l’intégrateur présenté dans la première partie de ce mémoire va prochainement être utilisé pour d’une part vérifier l’assertion précédente au sujet de la chromaticité, et d’autre part prendre en compte réellement les champs de fuite des quadripôles et, plus tard, les éléments d’insertion.
Conclusions et perspectives
Au cours de ce travail, nous avons étudié une grande diversité de machines de rayonnement synchrotron : Super-ACO avec ses 72 mètres de circonférence, l’ALS (196 mètres), SOLEIL (337 mètres) et l’ESRF (844 mètres). Suivant la taille de l’anneau, les approximations réalisées pour la modélisation varient (termes des petites machines, coins des aimants, champs de fuite des éléments magnétiques).
En utilisant le formalisme Hamiltonien, nous avons écrit un intégrateur des équations du mouvement d’une particule relativiste. Chacun des principaux éléments magnétiques a été modélisé par un Hamiltonien local à trois degrés de liberté. L’intégrateur utilise les méthodes d’algèbre de Lie qui devraient connaître en Europe un développement comparable à celui des Etats-Unis depuis leur introduction par A. Dragt. L’intégrateur proposé est un intégrateur symplectique d’ordre quatre à pas tous positifs dont la précision est supérieure d’un ordre de grandeur à l’intégrateur de Forest et Ruth.
L’Analyse en Fréquence a été notre principal outil d’investigation de la dynamique transverse des accélérateurs. En calculant une carte en fréquence pour une optique donnée, nous obtenons une vision globale de la dynamique du faisceau. L’allure des cartes en fréquence varie profondément d’une machine à l’autre ; elle est très sensible aux réglages hexapolaires. De nombreuses résonances d’ordre aussi bien faible qu’élevé détériorent la dynamique et induisent des mouvements chaotiques. La convergence rapide, la précision de la méthode, l’utilisation de la diffusion des orbites permettent également d’en faire un outil fiable pour prédire l’effet de l’introduction des défauts magnétiques dans le modèle, du déplacement du point de fonctionnement.
Nous avons vu qu’une fois connus, les défauts expérimentaux des gradients des quadripôles droits et tournés d’un anneau (déduits des matrices-réponse), une carte en fréquence décrit une dynamique très voisine de la dynamique réelle de l’accélérateur (taille de l’ouverture dynamique, efficacité d’injection).
Une étape supplémentaire a été franchie en obtenant les premières cartes en fréquence expérimentales d’un accélérateur. Les comparaisons avec le modèle théorique (de l’ALS) se sont avérés remarquables en termes de glissements des nombres d’ondes avec l’amplitude, de largeurs de résonance, de la diffusion des orbites au voisinage des nœuds entre les résonances.
Les deux outils nécessaires pour réaliser de telles expériences sont un jeu de BPM tour par tour et deux aimants rapides permettant de déplacer sur un seul tour le faisceau dans les plans horizontal et vertical.
L’Analyse en Fréquence peut ainsi être directement intégrée comme un des outils de diagnostic du faisceau dans la salle de contrôle d’un accélérateur. C’est déjà une réalité à l’Advanced Light Source où une carte en fréquence peut être tracée de manière quasi-automatique. Pour rendre l’utilisation de la méthode encore plus pratique, le système de mesure de l’ALS va être prochainement modifié pour permettre l’acquisition d’une carte en fréquence en une vingtaine de minutes.
A Super-ACO, même s’il était techniquement impossible d’obtenir une carte en fréquence, les mesures tour par tour du glissement des nombres d’ondes avec l’amplitude ont permis de mettre en évidence le fort effet des champs de fuites des quadripôles (non modélisé jusqu’à présent). Leur inclusion dans le modèle de l’anneau révèle une dynamique entièrement différente et permet de mieux comprendre les performances actuelles de la machine (ouverture dynamique, résonances, réglages des hexapôles).
Les perspectives à la suite de ce travail sont nombreuses avec pour un des thèmes principaux, l’association de l’Analyse en Fréquence et des mesures tour par tour dans un accélérateur.
Ma courte expérience dans le monde des accélérateurs m’a convaincu du point essentiel suivant. Les écarts sur les performances des sources de lumière entre les prédictions et les mesures expérimentales sont très souvent proche d’un facteur deux. La raison principale est qu’il est impossible d’obtenir une description absolue des champs magnétiques, des positionnements des éléments dans l’anneau de stockage, de paramètres moins prévisibles (vibrations, marées solides, variations de la température).
Ne pouvant tout prévoir, il est par contre primordiale de prévoir, dès la construction d’un accélérateur (l’auteur pense en particulier au futur anneau de stockage SOLEIL), un grand nombre d’outils de diagnostic, outils qui constituent littéralement les « yeux » et les « oreilles » du physicien des accélérateurs. Ce sont en particulier des moniteurs de position tour par tour, des aimants rapides pour déplacer le faisceau sur un tour.
Nous avons vu que les mesures expérimentales sont souvent compliquées par le phénomène de la décohérence. Par exemple, le faisceau de l’ESRF « décohère » en une centaine de tours pour déjà de très faibles déplacements horizontaux du faisceau. Pour un anneau de la taille de l’ESRF, il doit être possible d’obtenir des données exploitables en modifiant la philosophie des mesures : au lieu d’enregistrer le signal sur un BPM particulier de l’anneau tous les tours, l’utilisation conjointe de l’ensemble des BPM doit permettre d’augmenter de manière significative l’échantillonnage des données.
A l’ALS, l’Analyse en Fréquence est et sera pleinement utilisée pour caractériser l’impact des trois aimants supraconducteurs qui vont être installés en août 2001 dans l’anneau et réduire sa périodicité de douze à trois. Des résultats récents (Steier, Robin, Wu, Decking, Laskar et Nadolski, 2001) reposent sur l’utilisation de cet outil pour caractériser et comprendre les causes de limitations de la dynamique off momentum de l’ALS.
Dans ce travail, l’Analyse en Fréquence a principalement été utilisée à travers les cartes en fréquence, i.e. en ne conservant que le premier terme de la décomposition quasi-périodique obtenue en analysant les trajectoires de phase. Une autre approche consiste à utiliser la décomposition complète donnée par l’Analyse en Fréquence. L’amplitude de chaque terme correspond à l’amplitude d’une résonance donnée. Il est ainsi possible d’extraire de nombreuses autres informations sur la dynamique et d’obtenir une nouvelle méthode d’optimisation d’un accélérateur.
Ces nouveaux développements devront être considérés pour permettre non seulement d’améliorer les accélérateurs actuels mais aussi de concevoir les prochaines générations de machines tels les sources de lumière de quatrième génération, les « usines à muon » et les collisionneurs.