Un code d’intégration numérique a été écrit en langage FORTRAN90. Ce code prend en
compte l’ensemble des modèles d’éléments magnétiques précédemment présentés. Ce
programme est écrit de manière modulaire afin de pouvoir traiter les petites et grandes
machines ; il est possible d’introduire de nouveaux éléments magnétiques (e.g. les dispositifs
d’insertion) ; le code est dédié et optimisé pour le tracking. Les intégrateurs avec ou sans
correcteur de type et
ont été programmés pour
et
. Des
intégrateurs d’ordre plus élévé pourront sans difficulté être introduits par la suite. Pour
les comparaisons internes, l’intégrateur d’ordre 4 de Forest et Ruth a également été
programmé.
Différents types de comparaisons ont été effectués, en particulier avec les codes DESPOT et MAD respectivement sur une maille de l’ALS (grande machine) et de Super-ACO (petite machine). Les calculs ont été réalisés en double précision sur une station DIGITAL PWS 433 AU (EV56 à 433 MHz).
Précision : Nous avons vérifié la précision de l’intégration pour chaque élément magnétique modélisé. Le Hamiltonien est une intégrale première du mouvement. Nous présentons quelques résultats pour le dipôle combiné dans l’approximation des grandes machines. Son Hamiltonien est rappelé :
![]() |
avec comme courbure , gradient quadripolaire
et longueur
. Le dipôle est ainsi focalisant dans les deux plans.
Tout d’abord, il est nécessaire de remarquer que le Hamiltonien s’apparente à celui de deux
oscillateurs. Les parties et
sont comparables i.e. le petit paramètre
est voisin de
l’unité. Donc pour cet élément, il sera inutile de vouloir utiliser un intégrateur d’ordre
supérieur à 4 puisque la nouvelle classe d’intégrateurs n’a d’intérêt qui si
est un petit
paramètre.
Les erreurs sur l’énergie du dipôle combiné sont calculées sur un temps d’intégration de 1 000
passages à travers l’aimant (Fig. 2.4). Pour l’intégration exacte (cf. annexe A.2.4, page §), l’erreur
est aléatoire avec une dérive numérique linéaire du nombre d’itérations comme attendu (la
précision machine est ).
Les trois schémas symplectiques choisis sont le schéma de Ruth et le schéma et
avec correcteur. Le dipôle de longueur
est intégré en trois étapes d’intégration
(
). La meilleure des méthodes est l’intégrateur
qui est plus d’un ordre de grandeur
plus précis que le schéma de Ruth (Fig. 2.4).
|
Une étude systématique de la précision des méthodes a également été réalisée. Les intégrateurs
et
avec correcteur sont comparés à coût constant (i.e. à nombre égal
d’évaluations) avec le schéma de Ruth. L’erreur relative des intégrateurs symplectiques est
présentée pour
en fonction du nombre d’étapes d’intégration pour un aimant de longueur
(Fig. 2.5). En échelle logarithmique, la pente des droites est 4, ce qui correspond à l’ordre des
méthodes utilisées. La méthode
avec correcteur est plus précise que le schéma de Ruth
d’un ordre de grandeur.
Ce résultat va pouvoir être utilisé pour diminuer, à précision constante, le temps d’intégration des élément magnétique, soit de réduire le temps de tracking. Généralement, une à deux étapes d’intégration sont gagnées par comparaison avec l’intégrateur de Forest et Ruth.
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Un autre point remarquable de cette nouvelle classe d’intégrateurs est sa faible dérive en phase à
nombre égal d’itérations. En comparant la solution numérique obtenue par le schéma symplectique
par rapport à la solution exacte, on note que le déphasage introduit par la méthode est
très faible par rapport à l’intégrateur de Ruth et Forest (voir Fig. 2.6 pour le dipôle
combiné et Fig. 2.7 pour une maille complète de l’ALS). Par exemple, le tableau 2.3
donne le nombre
de tours de l’ALS pour obtenir un déphasage
de
pour
différentes valeurs du nombre d’étapes
d’intégration des dipôles et des quadripôles de
l’anneau12.
Une loi d’échelle entre le temps d’intégration
et le nombre d’étapes
d’intégration
peut être établie. Si
est la longueur de l’élément intégré
fois, et si
est le nombre
d’étapes pour intégrer l’aimant. Alors le pas de l’intégrateur pour chaque étape est
et on
établit :
![]() |
où ,
correspondent au nombre de fois qu’il faut intégrer l’aimant de longueur
,
respectivement en
et
étapes, pour obtenir un déphasage
entre le schéma symplectique (
) et exact (
). En effet, en se souvenant que
la méthode est d’ordre 4 et en ne gardant que les termes de plus bas degré, on peut
écrire :
![]() |
Notons que le déphasage n’est pas une grandeur fondamentale pour déterminer si un intégrateur numérique est meilleur qu’un autre. Nous avons vu précédemment qu’un intégrateur symplectique peut être vu comme un modèle d’un élément magnétique. Ainsi pour retrouver les bons nombres d’ondes, il suffirait d’ajuster les conditions initiales.
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Jusqu’à présent, l’analyse de la précision des méthodes symplectiques n’a pas été
réalisée. Cependant, une remarque concernant la taille des pas d’intégration peut
être faite. Pour cela, décrivons succinctement le schéma d’intégration numérique
d’un élément de longueur avec l’intégrateur
dont l’expression est
rappelée13 :
![]() | (2.60) |
avec et
. Dans ce cas l’intégration est réalisée en deux pas suivant
et un pas
suivant
. Si l’intégration est réalisée en
étapes, le schéma d’intégration 2.60 est composé
fois avec un pas
.
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Ce processus est illustré pour les intégrateurs et de Forest et Ruth (schéma 2.8 pour
). Pour l’intégrateur
les pas, tous positifs, sont petits, plus fins sur les bords de
l’élément et plus grands en son centre (cf. condition 2.20). L’intégrateur de Forest et Ruth est
caractérisé par la présence de grandes valeurs de pas. Pour intégrer
, on fait deux pas positifs
et deux pas négatifs
; pour intégrer
, deux pas
positifs
et un grand pas négatif
.
La valeur des pas d’intégration a probablement une incidence sur la taille du reste des méthodes symplectiques et donc sur leur précision et phase. Des études plus complètes pourront être entreprises pour préciser ces phénomènes.
Conclusion :
Dans les approximations réalisées, il est nécessaire de trouver un compromis entre la précision et
le temps de calcul. L’utilisateur peut selon les besoins modifier la précision de calcul en jouant sur le
nombre d’étapes d’intégration d’un élément de longueur . La nouvelle classe d’intégrateurs
utilisée permet de d’obtenir un intégrateur plus efficace que le schéma classique de Forest et Ruth à
précision de calcul égale.